mardi, 14 mai, 2024
Dédicace du livre ‘’Et si c’était à refaire ?’’ : Quand Hanny Tchellley se raconte !

Après l’ex-préfet d’Abidjan, Vincent Toh Bi Irié, le mercredi 15 mars 2023 autour de son ouvrage ‘’Itinéraires’’, Wêrê Wêrê Liking le 18 avril 2023 avec son ouvrage ‘’Migration de la parole’’, Hanny Tchelley était l’invitée du 3ème numéro de la tribune littéraire ‘’Seen Read’’ co-organisée par Gad Editions d’Anges Félix N’Dakpri et Seen hôtel Plateau.

 

Mercredi 17 mai 2023 à Seen Hôtel Plateau, l’actrice, productrice, réalisatrice Hanny Tchelley était l’invitée principale de ‘’Seen Read’’, émission littéraire promouvant des écrivains d’ici et d’ailleurs. Une tribune qui aura permis à l’autrice de présenter son ouvrage ‘’Et si c’était à refaire ?’’, livre-témoignages de son vécu de la crise de 2010 qui l’a poussée à l’exil une décennie durant. En présence de sa marraine Simone Ehivet Gbagbo qu’elle appelle sa « star », de son « fils » Charles Blé Goudé et de sa « tante » l’ex-ministre Bro Grébé ainsi que de son « fan-club » et des amoureux de littérature, la cinéaste a expliqué les motivations qui l’ont poussée à l’écriture.

 

La crise vue par Hanny Tchelley

Ouvrage de 290 pages, facile à lire à un récit qu’elle assimile à son vécu de la crise post-électorale de 2010, ‘’Et si c’était à refaire’’ est un condensé de de confidences sur son parcours de vie. Lequel parcours est entremêlé d’expression de certaines frustrations, de certaines traitrises, de ses moments sombres mais surtout de ses angoisses, ses craintes, ses doutes jusqu’à son départ de la Côte d’Ivoire pour se retrouver à Bruxelles avec son époux, François Kency. Si ce départ parsemé selon elle d’embûches mais surtout de beaucoup de chance a pu être raconté dans cet ouvrage, c’est bien selon l’autrice parce qu’elle avait décidé d’écrire chaque étape de son quotidien dans son « journal intime ».

Une idée qui selon elle est venue à elle parce qu’ayant perdu la voix à un moment précis de son exil à Bruxelles. « J’avais perdu l’usage de la parole une fois à Bruxelles. Ainsi, tous les jours, je prenais des notes de mon quotidien. D’ailleurs, je n’avais pas le choix puisque je ne pouvais communiquer que par l’écriture », raconte-t-elle non sans se rappeler ce jour où elle dit avoir été trahie par un ministre du régime Gbagbo. De fait, dit-elle dans l’ouvrage qu’au plus fort de la crise, elle avait eu confiance en un ministre qui l’avait rassurée qu’il était toujours à Abidjan avant d’apprendre plus tard que celui-ci était déjà sur le départ pour l’exil. Finalement, c’est l’un de ses proches qui l’alarmera sur le danger qu’elle courrait. Elle va donc se réfugier d’abord chez son pasteur avant de quitter le pays le 14 avril 2011.

 

De ses rapports avec le couple Gbagbo

Des pages entières sont consacrées et dédiées à Simone Gbagbo dans cet ouvrage. Sous forme d’hommage à celle qu’elle a appelé sa « star », Hanny Tchelley estime que son témoin de mariage mérite tous les meilleurs qualificatifs. « Quand je parle de Mme Gbagbo, j’ai beaucoup de choses à dire. J’ai besoin d’admirer dans mes relations. Mme Gbagbo est une femme qui a tellement de valeurs, une femme qui porte tellement de valeurs, elle est intègre, spirituelle. Elle a tellement de qualités qu’il m’est difficile de la décrire. C’est une femme forte, qui respecte plus petit qu’elle », témoigne-t-elle non sans évoquer cette date du 31 décembre 2006 où pour la première fois elle a rencontré l’ex-Première dame dans « une robe bleue » resplendissante au domicile du couple présidentiel.

A contrario, même si dans l’ouvrage elle raconte des moments passés à La Haye avec le président Laurent Gbagbo, elle n’oublie toutefois pas de porter certaines incompréhensions qu’elle a eues avec lui lors de sa gestion du pouvoir. Elle y raconte ses frustrations, sa non nomination à l’ONAC-CI, la suspension de son émission ‘’On est ensemble’’. « J’ai ressorti mon incompréhension que le président Gbagbo décide d’arrêter mon émission mais il avait certainement ses raisons. Toutefois, mais cela n’altère pas la considération et l’amour que j’ai pour lui », défend-t-elle.

Pour elle, le fait d’être avec Simone Gbagbo n’altère en rien l’amour qu’elle a toujours eu pour l’ex-président. « Le président Gbagbo, c’est lui qui m’a conduit à sa femme. Je les ai toujours vus ensemble, vivre ensemble. Je ne peux donc pas dire que je n’aime plus le président Gbagbo parce que je suis avec sa femme. Je ne les oppose pas. Pour moi, Gbagbo reste le grand homme que j’ai connu et Mme Simone Gbagbo, la grande dame que j’ai toujours admirée. Elle est mon témoin de mariage depuis 2004. Il ne faut pas opposer les gens. Des choses peuvent se passer mais il faut séparer ce qui est de la sphère privée entre un homme et une femme. J’ai toujours autant d’admiration pour le président Gbagbo », souligne-t-elle non sans insister sur le respect qu’elle et Blé Goudé se vouent.

 

Et si c’était à refaire ?

Ouvrage qui se laisse diviser en trois grands temps forts, à savoir le temps de départ, le temps de l’engagement et le temps de l’exil et du retour au pays, ‘’Et si c’était à refaire’’ donne la réponse à la question posée dans le titre de l’œuvre. D’abord, Hanny Tchelley qui expose dans cet ouvrage son calvaire vécu lors de la crise électorale démontre comment elle a fini par être guérie avec l’écriture de son livre. « Le livre, c’est ma thérapie qui m’a permis de guérir, de faire ma résilience. L’écriture m’a fait du bien car après avoir fini d’écrire, je me suis sentie soulagée et vidée. Je me sens mieux aujourd’hui », se réjouit-elle.

Répondant à la problématique principale de l’ouvrage, l’autrice est convaincue qu’elle garderait toujours intactes ses valeurs si c’était à refaire toutefois en s’éloignant de certains choix. « Si c’était à refaire, même si on ne se refait pas, je garderai mes valeurs. Je ferais peut-être les choses différemment mais mes valeurs resteraient les mêmes. Je serais la même personne avec les mêmes valeurs. Aussi, il y a des choix que je n’aurais pas fait sûrement », se persuade-t-elle. Passé donc cette décennie d’exil, Hanny Tchelley pense pouvoir se donner un nouveau départ. Lequel départ sera dominé par ses activités professionnelles, ses activités cinématographiques. « Je vais me concentrer sur ce que je suis, sur mon domaine, reprendre mon festival de cinéma par exemple. Cela ne m’empêche pas de suivre les gens que j’aime. Je suis prêt pour Mme Simone Gbagbo », traduit-elle.

 

Soutiens de Simone Gbagbo, Blé Goudé et Bro Grébé

Initiative très appréciée par Charles Blé Goudé, Simone Ehivet Gbagbo et Geneviève Bro Grébé. Selon l’ex-Première dame, sa « fille » a « exprimé son amertume, ses déceptions » dans l’ouvrage. « Je la félicite d’avoir eu le courage d’écrire parce que pour la plupart des africains, ils n’aiment pas écrire. On préfère plutôt garder dans notre for intérieur nos sentiments en faisant le choix de les garder pour nous-mêmes », témoigne-t-elle.

A l’en croire, cet ouvrage permettra aux plus jeunes d’avoir une version de la crise post-électorale. « On ne peut pas forcément trouver ce qu’elle a vécu dans les sources officielles parce que c’est son vécu, son expérience personnelle de cette crise. Grâce à elle, les plus jeunes pourront comprendre ce qui s’est réellement passé dans cette crise leur donnant la chance d’avoir une version authentique de quelqu’un qui a vécu la crise. Ils pourront ainsi corriger des versions officielles sur cette crise », a-t-elle traduit.

Toute chose qui selon l’ex-ministre Geneviève Bro Grébé doit permettre au pays d’avancer en se servant de ce pan de la vie de la Côte d’Ivoire. « Le pays doit avancer et c’est pourquoi je mène des démarches dans le sens de la réconciliation nationale. Il faut aller vers la réconciliation nationale parce que le pays a besoin d’avancer », a-t-elle indiqué.

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