samedi, 27 avril, 2024
A la découverte de… : Ange Gabriel Koutouan (Président de l’Association des Barmen de Côte d’Ivoire et d’Afrique)

Par le coup du destin, l’ex-serveur et développeur d’applications avec en charge trois cadets après le décès de leurs parents va finir par s’orienter dans le métier de Barman. A force de formations et de travail, Ange Gabriel Koutouan finit par devenir le président-fondateur de l’Association des Barmen de Côte d’Ivoire et même d’Afrique. Officiant au restaurant Le Comptoir à Ivoire Trade Center, il ne cesse de professionnaliser ce secteur qu’il estime être le meilleur métier.

 

De développeur d’applications à Barman

 

Une vie difficile après le décès de ses parents

Elève plutôt brillant, le jeune Ange Gabriel Koutouan s’imaginait un parcours scolaire puis universitaire sans faute. Malheureusement, il sera très vite freiné dans son rêve de faire de hautes études après le décès de son père et sa mère, la même année. Ainé d’une fratrie de quatre enfants dont il est l’ainé, il ne pourra plus poursuivre ses études faute de moyens. Son cursus scolaire s’arrêtera donc à la classe de 1ère A. « J’ai fait des études mais malheureusement je ne suis pas arrivé assez loin. Avant le Bac, j’ai perdu mes deux parents et en tant que premier enfant, j’avais la responsabilité de mes trois cadets, ce qui m’a contraint à abandonner les études pour m’occuper d’eux », nous confie-t-il.

Désormais « père et mère » pour ses cadets, l’ainé se voit dans l’obligation de rentrer dans la vie active pour assurer le quotidien de sa fratrie. L’ex-élève donnera des cours d’alphabétisation, puis se lancera dans le développement d’applications. Sa nouvelle passion pour le développement d’applications va d’ailleurs bouleverser le cours de sa vie. De fait, très à l’aise avec les téléphones portables, l’un de ses amis lui confiera la vente de son appareil. Une fois le deal ficelé, son client reviendra plus tard pour se plaindre de la mauvaise qualité du téléphone qu’il a acheté. Lorsqu’il se retourne vers son ami, celui-ci lui fait savoir qu’il a déjà dépensé l’argent. Manquant de peu de se retrouver en prison, il quittera définitivement son boulot de développeur d’applications. C’est l’un de ses cousins qui va d’ailleurs le conduire vers cette nouvelle passion qui sera définitivement son métier.

 

Le déclic

Après ses déboires où il a manqué de peu de se retrouver en prison pour un téléphone vendu, il sera approché par son cousin exerçant dans un service. Celui-ci lui propose de le rejoindre pour travailler avec lui comme serveur. Quelque peu hésitant dès le départ pour cette nouvel horizon dans lequel il n’a jamais exercé, il se laisse finalement convaincre par son cousin et démarre en tant que serveur. Tout partira de là pour lui pour se trouver une nouvelle passion. Une passion qui d’ailleurs pense-t-il qui lui était prédestiné sans qu’il ne le  sache. De fait, indique-t-il qu’il avait cette habitude de toujours faire le mix de boissons lorsqu’il se retrouvait soit avec ses amis soit à la maison. « J’avais pour habitude de faire le mix des alcools, je mélangeais toujours sans savoir ce que je faisais, même à la maison, j’avais pris pour habitude de mélanger la boisson », se souvient-il. Désormais serveur, la chance lui sourit un mois après et se voit débaucher. « Après un mois d’apprentissage, j’ai été débauché dans un restaurant », indique-t-il soulignant que six mois plus tard il sera à nouveau débauché pour être Barman. « Six mois après, j’ai encore été débauché où on me propose d’être Barman, alors que je ne connaissais pas cet univers », confie-t-il insistant que très vite, il se met à se former pour exceller dans son domaine. « J’avais du coup la responsabilité de gérer seul le bar. Je faisais toutes les formations qu’on organisait en Côte d’Ivoire, j’ai eu la chance de participer au niveau 1 de la formation en mixologie de Marie-Brizard. Tout s’est tellement bien passé qu’en 2017 j’ai encore pris part au niveau 2 de la formation », a-t-il fait savoir.

Ce cap franchi, il nourrit de nouvelles ambitions. S’étant rendu compte qu’il n’y avait en Côte d’Ivoire aucune association défendant les droits des Barmen, il met très sur place une association à laquelle il est élu président. Revendiquant plus de 300 membres, cette association sera à l’origine de l’implantation d’une autre sur le plan continental. « C’est après cette formation que j’ai compris qu’il n’y avait pas d’association en Côte d’Ivoire pour défendre les droits des Barmen, du coup j’ai eu l’idée de mettre sur pied cette association. Après avoir réussi à implanter l’association en Côte d’Ivoire, je me suis mis à travailler pour l’Afrique et j’ai été élu président également. Au niveau africain, nous avons en plus de la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Gabon et bientôt, le Mali, le Burkina et le Congo. Dans chaque pays, nous développons le secteur. On leur donne des formations comme le rôle du Barman et ses responsabilités », a-t-il confié.

 

Du métier de Barman

Définissant le Barman comme le Manager du bar, Ange Gabriel Koutouan estime qu’il revient à celui-ci de gérer « l’espace aménagé d’un comptoir de bar ou d’un présentoir bar, une station chaude, une station mocktail, une station cocktail, une station plonge, une station de rangement ». Pour lui, il y a jusqu’à cinq catégories dans le métier de Barman, à savoir, le Chef Barman, le 1er Barman, le Barman, le commis de bar et le stagiaire au bar. Et pour lui, on n’a pas forcément d’être un grand diplômé pour exercer dans cet univers, toutefois, insiste-t-il qu’il faut avoir la formation de base. « Il faut au préalable avoir une formation de base. Le Barman c’est le manager du bar. Son rôle est de faire la mise en place, les fiches techniques des boissons vendues en détail, en bouteille, en cocktail, de gérer l’accueil, les inventaires, la gestion de stocks », dit-il. Ainsi, définit-il un Barman comme « celui qui a la connaissance du métier, qui a une formation de base, qui connait les produits, maitrise l’hygiène du bar ». Aussi, conseille-t-il « la vigilance, pas trop d’affinité avec le client, appliquer les règles d’hygiène, se rassurer que son verre est propre. Refuser de garder les verres des clients qui n’ont pas fini leurs consommations. Protéger le client quand il se déplace et qu’il laisse son verre. Il doit être honnête et de bonne moralité ».

Egalement, déplore-t-il que certains Barmen lave les verres avec les produits détergents en poudre. « Il y a des produits pour laver les verres, notamment le savon liquide mais on ne prend pas les produits détergents en poudre ou du javel pour laver les verres », a-t-il recommandé. Par ailleurs, sensibilise-t-il les jeunes à s’orienter dans ce secteur qui selon lui nourrit son homme. « Le métier de Barman nourrit son homme. En Côte d’Ivoire, il y a des Barmen qui touchent le million comme salaire. En plus de l’hygiène, de l’art qu’on y apprend, on apprend à être diététicien pour mieux faire les mélanges, c’est un métier aussi où on rencontre de hautes personnalités », apprend-il.

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